Transparence et usage de la démocratie

Alors que l’initiative fédérale sur la transparence vient de récolter plus de 100’000 signatures, Appel Citoyen a souhaité immédiatement mettre en place ses propres critères sur la provenance des fonds récoltés. Il faut savoir que la Suisse demeure le seul pays d’Europe à ne connaître aucune règle sur le financement des partis. Selon nous, la transparence est nécessaire pour plusieurs raisons. Tout d’abord, savoir d’où vient l’argent permet de connaître les jeux d’influence éventuels entre les soutiens financiers des partis et les positions de ces mêmes partis. Ensuite, le lien de confiance entre la population et les élus politiques au sens large n’est pas bon, le fait de ne pas savoir qui finance qui renforce ce sentiment d’opacité et de suspicion. Enfin, alors que les exigences de transparence traversent aussi bien le monde économique qu’associatif, il devient anachronique de ne pas demander aux partis politiques de se plier aux règles qu’eux-mêmes réclament pour autrui.

Contrairement à son grand frère national, qui ne voit dans l’initiative sur la transparence qu’un « grand monstre bureaucratique » contraire à l’esprit de milice de l’engagement politique, le PDC du Valais romand s’inquiète des conséquences néfastes auprès de la population du manque de transparence dans le financement des partis. Il a donc déposé au Grand Conseil une motion demandant une loi sur la transparence du financement des partis et des campagnes politiques. D’autres partis semblent suivre le mouvement et il n’est pas illusoire de penser que le Valais se dotera bientôt d’une telle loi.

Appel Citoyen se réjouit de cette prise de position et met d’ores et déjà en pratique des critères de transparence plutôt restrictifs puisque tous les dons de personnes physiques au-delà de 300.- CHF sont systématiquement rendus publics. Pour rappel, l’initiative fédérale sur la transparence fixe cette somme à 10’000.- CHF !  Dans notre projet, tous les dons de personne morale (entreprise, association) sont rendus publics qu’importe le montant. Au terme de la campagne de financement participatif, nous publierons les comptes de l’ensemble de l’opération.

La transparence n’est pas un « effet de mode », contrairement à ce qu’affirme le Conseiller national Christian Lüscher (PLR / GE). Cette notion correspond même plus fondamentalement à la nouvelle circulation de l’information, beaucoup plus ouverte, rapide et horizontale. A l’ère des réseaux sociaux, des médias numériques et indépendants, il devient en effet de plus en plus difficile pour un pays ou une entreprise de cadenasser les informations sensibles ou de dissimuler les flux financiers qui les traversent. La transparence est également un enjeu actuel dans tous les mécanismes de corruption qui affectent des domaines aussi divers que la finance, le sport ou la politique. En Suisse, les cadeaux faits à des politiques, dont l’affaire Maudet est un exemple parlant, mettent en lumière le fait qu’une régulation est indispensable.

Pour Appel Citoyen, rendre transparent le financement de la campagne renforce le lien de confiance entre l’électorat et les futur-e-s candidat-e-s et assure le fait que les donateurs savent à quoi est destiné leur argent. Mais la transparence ne doit pas concerner que l’argent. Nous devons aussi nous appliquer à rendre lisible notre action, à ne pas ménager nos efforts pour expliquer notre démarche et être animé d’enthousiasme et d’originalité. Ce sont là les conditions pour regagner la confiance des citoyen-nes.

Lorenzo Malaguerra

=> Pour en savoir plus, https://appelcitoyen.ch/ancien/ancienfinancement-participatif/

Pour découvrir les comptes jusqu’au 30 juin 2018 => Financement participatif Appel Citoyen Mai-Juin 2018.

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