Réflexion sur l’importance des mots qu’on utilise pour parler de politique et de leur influence sur la première mission de la Constituante.
La campagne pour la Constituante a été dans l’ensemble un exercice courtois. Pourtant, au moment de tirer le bilan, un vocabulaire guerrier a envahi l’espace public. Il a été question de “victoire”, de “perdants”, de sièges “raflés”, de “triomphe”, de “batailles” ou autres “représailles”. Ce n’est pas une surprise. Notre monde est teinté d’idéaux de compétition et la politique y fait figure de sport de combat. Un paradoxe, puisqu’elle vise en principe à réguler les conflits, à créer les conditions d’une paix et d’une prospérité durables.
Le premier défi de la Constituante nouvellement élue sera de se doter d’un règlement qui définira sa manière de travailler. Comment faire en sorte que l’assemblée ne devienne pas un champ de bataille, où des légions aux ordres rivalisent de tactique pour imposer leur loi ? La réponse à cette question exige un basculement de perspective. Pour le temps constitutionnel, l’assemblée doit être vue comme un orchestre, ou comme une équipe de sport : un groupe uni de partenaires avec leur talent propre poursuivant un but commun. Pour que, de la collaboration de chacune et de chacun, du respect mis dans l’échange des idées, puisse naître une Constitution juste et rassembleuse. Le règlement de la Constituante devra donc offrir des conditions propices à la création commune et la concertation plutôt qu’à l’expression des rapports de force.
Pour y parvenir, il faut donner la parole aux diplomates et non aux duellistes, à celles et ceux qui savent écouter plutôt que crier fort, et faire primer les qualités de conciliation sur les postures d’opposition. Les élues et élus, journalistes, critiques et auxiliaires des partis politiques ont donc une responsabilité immédiate : inventer d’autres mots.
Florian Evéquoz
Cher Florian,
Bravo pour cette prise de position très nuancée, qui appelle à la concertation et au dialogue ! Ce sera nouveau en politique ; mais ce sera très favorable à l’élaboration d’un texte nuancé et respectueux de la voix des citoyennes et citoyens.
Florian,
Je ne vous lis aujourd’hui seulement. Magnifique !
Inventer d’autres mots, laisser la parole à celles et ceux qui savent écouter plutôt que crier fort, faire primer les qualités de conciliation sur les postures d’opposition : voilà un langage que les Valaisannes et les Valaisans ouverts aux véritables changements de paradigmes dans le dialogue entre les gens de ce pays veulent assurément lire retranscrits dans les articles de notre nouvelle Constitution. Cela aussi c’est le Valais de l’innovation.
Michel