Vendredi 3 mars, 14h30, Foyer Chantovent, Martigny. Deux sourires chaleureux m’accueillent. Ce sont les animatrices socioculturelles de ce foyer de jour où se déroule la récolte d’idées du jour pour la Consultation sur les principes de la Constituante.
Les personnes âgées présentes cet après-midi-là, une dizaine assis autour d’une table mais éloignées par les distances réglementaires, me regardent étonnées, intriguées, ravies qu’on s’adresse à elles en particulier.
Après la pose d’une charte éthique pour notre échange, nous commençons par le commencement : le préambule. Pour stimuler un peu la discussion, j’expose également la version proposée par la minorité de la commission 2 ainsi que la possibilité de ne pas mettre du tout de préambule. L’ouverture à d’autres croyances (proposition de la minorité) a vite été remarquée et mise en avant. Puis vient l’idée qu’entre modernité et tradition, il ne faut pas oublier nos fondements et notre culture, d’où l’importance d’un préambule mentionnant Dieu, quel qu’en soit la forme.
Nous entamons ensuite la discussion autour des propositions faites par la Constituante autour de la personnes âgée. Les participant-e-s font ressortir leur sentiment d’exclusion vis-à-vis d’une société qui va vite, connectée, et qui n’a pas le temps pour eux. La proposition qui stipule que « Toute personne âgée a droit […] à participer pleinement à la vie en société » semble primordiale à ce moment de l’échange, mais terriblement idéaliste : comment faire pour mettre cela en place ? Plusieur-e-s témoignent ne pas connaître leur voisinage ou ne pas connaître d’autre lieu d’échange que le foyer. La proposition soulignant que « L’Etat […] les intègre dans le réseau de santé, afin de favoriser la qualité de vie et la lutte contre la solitude et l’exclusion » semble également bienvenue mais pas forcément suffisante : les ainé-e-s témoignent sentir un bon soutien au niveau de la santé mais vouloir plus de contacts, notamment lors des repas apportés à domiciles qui sont souvent simplement posés devant la porte. Il en ressort que l’organisation du système de santé ne permet pas donner la possibilité aux travailleur-se-s de prendre le temps pour offrir un service de qualité.
La discussion se finit autour de l’environnement physique qui se retrouve, dans les propositions, dans le droit des personnes en situation de handicap : « L’accès aux bâtiments, installations et aux prestations destinées au public leur est garanti ». Un participant relève que l’accès est une chose mais que le facteur temps doit y correspondre : un bus ou un train, bien qu’accessible, doit leur laisser le temps d’y monter…
En définitive, les dires des participant-e-s se retrouvent dans les propositions formulées par les Constituant-e-s qui visent à faire entrer des droits spécifiques aux personnes âgées dans la Constitution et qui semblent pertinentes. Ils relèvent cependant que les droits demandent ensuite des applications tout autant pertinentes pour pouvoir être respectés, leur mise en œuvre par les différents organes de l’Etat sera donc clef.
Sur ma droite, j’entends d’un participant qu’un temps de réflexion lui permettrait de nous répondre de manière plus exhaustive et aimerait que nous en rediscutions ultérieurement. Quelle belle opportunité pour notre association de donner à nouveau un temps de parole à des personnes non connectées en ces temps compliqués !
Emilie Dupuis