Un groupe de constituantes et constituants issus de plusieurs partis s’engage pour la représentation des femmes et des hommes dans les autorités politiques valaisannes. Leur prise de position ici.
La Constituante débattra le 21 octobre prochain d’introduire l’article suivant dans l’avant-projet de Constitution :
Art. 311 Représentation des femmes et des hommes dans les autorités politiques
1 Si la répartition entre femmes et hommes dans les autorités politiques est durablement déséquilibrée, la loi peut prévoir une mesure limitée dans le temps visant à corriger ce déséquilibre.
2 L’Etat prend des mesures pour permettre aux personnes élues de concilier leur vie familiale et professionnelle avec leur charge publique.
Au vu de la situation valaisanne actuelle, 50 ans après le droit de vote et d’éligibilité octroyé aux femmes et 40 après la loi sur l’égalité, il y a encore et toujours un blocage pour une juste représentation des hommes et des femmes en politique.
Cela devrait se faire naturellement mais ce n’est pas le cas. Il y a toujours ce plafond de verre.
A chaque élection la même rengaine : On veut des femmes mais ce sont elles qui ne veulent pas se présenter.
On ne trouve pas la perle rare.
Si elle est si rare “cette perle” c’est bien qu’il y a un problème.
Si elle est si rare donc, c’est parce que le système n’est pas adéquat, il a été créé par les hommes, pour les hommes et les femmes essaient tant bien que mal de s’y faire une place.
Il est temps que ça change. Qu’on se donne un vrai coup de pouce. Ancrons dans notre future Constitution une ambition forte de représenter équitablement la population.
En 2020, les élections aux conseils communaux dans les 122 communes valaisannes présentent une augmentation du nombre et de la proportion d’élues par rapport à 2016. Proportion qui est passée de 19.6% à 26%. La représentation féminine s’est également améliorée dans les postes exécutifs.
Cependant nous sommes toujours loin de la parité.
Le nombre de femmes élues au Grand Conseil a augmenté, au prix de nombreux efforts. Notre canton compte désormais 45 députées, soit un pourcentage total de 34.6% femmes (de 19.2% à 34.6%).
C’est certes une proportion jamais atteinte jusque-là mais ce n’est pas suffisant, ça ne représente pas la réalité de la population. De plus, l’augmentation se situe principalement dans le Valais central et le Bas-Valais. Dans le Haut-Valais, les femmes sont encore largement sous-représentées au Grand Conseil. Seuls 7 députées sur 33 sont des femmes, soit 21%.
Au Conseil d’Etat, comme vous le savez, les femmes ne sont plus représentées.
A la députation à Berne une seule femme représente le Valais.
Notre assemblée dépasse tout juste les 30% et si nous sommes arrivé-es à ce stade c’est bien par des mesures prises lors de la campagne et un effort certain de la part de partis et mouvement de présenter des listes paritaires.
On constate non seulement que les femmes sont insuffisamment représentées sur les listes mais qu’en plus, leurs chances d’élection sont bien inférieures à celles des hommes, comme en témoignent les rapports réalisés régulièrement par le Bureau de l’égalité et de la famille.
Cela fait maintenant 50 ans que les femmes ont eu le droit de prendre part à la vie politique et la parité semble encore un lointain objectif.
Le constat d’un déséquilibre entre hommes et femmes en politique valaisanne fait l’unanimité. L’ambition de parvenir à une représentation plus équitable est elle aussi largement partagée. Ce sont les moyens pour y parvenir qui ne font pas consensus.
C’est pourquoi, dans la Constitution, nous devons affirmer notre ambition et inscrire notre volonté d’équilibre, tout en laissant ouverts les moyens à mettre en œuvre.
C’est l’esprit de l’article 311, alinéa 1. Tout d’abord, il fixe le cadre du constat : pour agir, il faut que la représentation entre femmes et hommes dans les autorités soit « durablement déséquilibrée ». La loi définira précisément la part qui constitue un « déséquilibre », et combien de temps signifie « durablement ». La suite de l’article énonce les règles du jeu : les mesures éventuelles doivent être « limitées dans le temps » et « viser » à corriger le déséquilibre. Il n’est pas question que ces mesures soient éternelles. Il n’y a pas de nécessité absolue à ce qu’elles garantissent un résultat : la loi pourrait tout à fait mettre en place des mesures incitatives et non contraignantes.
L’alinéa 2 rappelle la nécessité de prendre des mesures pour permettre une meilleure conciliation entre la vie familiale, professionnelle et la charge publique, que cela concerne les femmes ou les hommes, d’ailleurs. Le travail d’éducation, de ménage et de soin est un travail à part entière qu’il faut prendre en compte dans l’équation travail – famille – engagement politique.
En somme, nous proposons avec cet article 311 d’affirmer notre ambition collective : une représentation plus équilibrée de notre société dans les autorités politiques. Si nous n’y parvenons pas, nous voulons nous donner la possibilité d’agir pour briser le plafond de verre, sans en faire une règle vouée à durer, mais un simple correctif destiné à disparaître.
Donnons-nous les moyens de nos ambitions!
Martine Rouiller (AC), Géraldine Gianadda (VLR), Danica Zurbriggen Lehner, Ida Häfliger (CSPO), Claudia Alpiger, Rahel Zimmermann, Madeleine Kuonen-Eggo (Zukunft), Corinne Duc-Bonvin, Janine Rey-Siggen, Caroline Reynard, Pierre Schertenleib, Fabien Thétaz (PS), Gabrielle Cornut, Georges Vionnet (Verts)
(image pikisuperstar)